Le réemploi est l’opération la plus vertueuse du cycle de vie d’un élément, qu’il soit un objet ou un matériau. Un léger nettoyage ou une simple révision permet de le réemployer en l’état, pour un usage identique à celui pour lequel il avait été conçu. 

Pratiqué depuis des siècles jusqu’à l’avènement de l’ère industrielle, le réemploi est tombé dans l’oubli pour ne concerner plus qu’1% des matériaux de construction utilisés en Europe. 

Il conserve son statut de produit, à la différence de la réutilisation qui conserve la forme mais pas la fonction de l’élément. Ainsi le réemploi prévient la production de déchets.

L’objectif ?

Développer l’économie circulaire dans le Bâtiment, allonger la durée de vie des objets ou matériaux, réduire la consommation de matières premières ainsi que la production de déchets. Il est nécessaire de favoriser et prendre part à la valorisation des déchets de second-œuvre pour réduire l’empreinte environnementale du BTP.

Pourquoi ?

 Le BTP produit à lui seul 240 millions de tonnes de déchets annuels, d’après l’ADEME en 2020, soit 70% de la production totale de déchets en France, selon le CGDD (Commissariat Général au développement durable) soit l’équivalent de 3,6 tonnes de déchets par an et par français. 

Plus de la moitié d’entre eux ne font l’objet d’aucun traitement après avoir été jetés : les matériaux ne sont ni recyclés, ni réutilisés, ni réemployés. Ils sont enfouis ou incinérés.

Au moins 37 millions de tonnes seraient encore viables, rappelle le CNOA (Conseil national de l’Ordre des architectes). 

Le réemploi permet de réduire l’extraction de matières premières, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’augmenter le soutien à une économie locale et durable. 

Le bon sens, c’est de favoriser le réemploi ! Une pratique à développer pour vivre dans un monde durable.

Comment s’y mettre ?

• En réalisant un démantèlement sélectif des bâtiments, en optant pour des filières de réemploi en lieu et place de l’enfouissement ou de l’incinération. En poursuivant l’amélioration de la performance énergétique et la baisse de consommation des bâtiments neufs en insistant sur la performance de l’isolation.

• En sensibilisant et formant les acteurs de la construction et de l’aménagement à ces sujets notamment grâce à des initiatives européennes et l’élaboration de guides pour les professionnels par le FCRBE (Facilitating the Circulation of Reclaimed Building Elements in Northwestern Europe)

• En optant pour les filières de réemploi : sur le chantier ou sur un autre chantier, apport volontaire dans une ressourcerie, mise en vente sur une plateforme spécialisée. 

Le secteur du bâtiment est en première ligne des objectifs de neutralité carbone de la France en 2050.

L’objectif ?

Limiter ses émissions de gaz à effet de serre sur la construction et le cycle de vie des bâtiments, en considérant l’emprise au sol, les matières et matériaux utilisés, le choix des approvisionnements et toute la chaîne logistique amont / aval jusqu’à la construction, l’optimisation de l’organisation du chantier, ainsi que la consommation énergétique des bâtis.

Comment ?

• En choisissant des matériaux bio-sourcés ou issus de l’économie circulaire
• En pré-fabricant en usine ‘hors-site’ avec des systèmes modulaires 2D ou 3D pour permettre une diminution du nombre de transports sur chantier.
• En privilégiant l’approvisionnement en circuit court
• En utilisant des énergies renouvelables issues de la thalasso thermie et géothermie, l’électricité photovoltaïque et éolienne, chaudière biomasse et pompe à chaleur
• En travaillant sur la sobriété énergétique via la rénovation, la conception bioclimatique, l’isolation thermique.

Pourquoi la construction bas carbone est une priorité ?

En France, le secteur du bâtiment consomme 40% de l’énergie finale et est responsable de 21% des émissions de CO₂.

La construction ‘bas carbone’ en neuf ou en rénovation ne représente qu’un pourcent des 200 Mds€ du marché du BTP en France. La nouvelle réglementation environnementale RE2020 en vigueur depuis 2022 va permettre d’accélérer la disponibilité d’offres pour des bâtiments durables.

La construction hors-site représente une solution pragmatique et pertinente pour relever le défi de la productivité et des transitions environnementale et numérique du secteur de la construction. Elle adresse aussi bien la construction de bâtiments neufs que la rénovation.

L’objectif ?

S’affranchir des aléas climatiques, réduire les coûts, réduire les délais de mise en œuvre, diminuer la pénibilité des chantiers, limiter les nuisances pour les riverains, en renforçant un haut niveau de qualité des ouvrages. Et limiter l’impact carbone de la construction en général, surtout avec les techniques utilisant du bois et des matériaux bio-sourcés, en massifiant l’offre disponible.

Comment ?

En pré-fabriquant des éléments dans un atelier ou une usine dans de meilleures conditions que sur chantier, pour ensuite les assembler rapidement sur le site de construction cible.

La construction hors-site s’appuie souvent sur des gammes de modules proposés par les différents fabricants.  A ce titre, on parle aussi souvent de construction ‘modulaire’ qui autorise une plus ou grande liberté architecturale selon les offres. On distingue généralement le ‘modulaire 2D’ qui produit des aires en sortie d’usine, du ‘modulaire 3D’ qui produit des volumes.

La construction hors-site peut concerner les constructions en béton, à ossature bois, ou hybrides.

L’avenir de la construction

La construction hors-site, ou encore construction modulaire, fait partie de ce que l’on nomme les ‘NMC’, Nouvelles Méthodes de Construction. Son développement au niveau mondial est exponentiel, le cabinet Mc Kinsey prédit 20% de bâtiments construits Hors-site d’ici 2030. En France aujourd’hui elle ne représente environ qu’un à deux % du secteur.

Quelques ressources pour aller plus loin :

L’industrialisation de la construction : rapport 2021 du ministère chargé du logement

Ademe : Prospective Transition 2050 – filière construction – étude 2022

Magazine Hors-Site, spécialisé sur le sujet

ELAN Jouques est une Entreprise à But d’Emploi (EBE) créée en 2017 à Jouques (Bouches du Rhône) faisant partie du dispositif territoire zéro chômeur de longue durée.

A l’occasion de la finalisation d’une extension de leurs nouveaux locaux en modules LOWALL, réalisée par Tecabois, nous avons eu le plaisir de rencontrer Ludwig Rouault, directeur, pour en savoir davantage sur leur activité.

 ELAN Jouques en quelques mots ?

L’objectif d’ELAN Jouques est d’animer les demandeurs d’emploi de longue durée (+12 mois), résidents au sein du territoire depuis plus de 6 mois et volontaires pour promouvoir une dynamique locale de services dans une démarche de développement durable.

Les activités sont pensées à partir des compétences des demandeurs d’emploi. Aujourd’hui cinq familles sont proposées : multi-services, recyclerie, atelier bois, travaux agricoles, tourisme. Un pôle administratif coordonne l’ensemble.

Au démarrage, 140 demandeurs d’emploi furent volontaires, 77 d’entre eux ont été embauchés par ELAN Jouques, ainsi accompagnés dans leur retour à l’emploi,  les autres ayant retrouvé un emploi sans passer par l’EBE.

« ELAN Jouques mise sur la promotion et l’évolution des employés » nous précise Ludwig Rouault.
Il s’agit de l’unique EBE française avec seulement un employé non conventionné.

Pourquoi le choix d’un bâtiment à ossature bois ?

Le choix d’une construction à ossature bois est apparue comme une évidence. En effet, « les EBE essayent toujours de s’inscrire au maximum dans des démarches de développement durable ».

Toute l’équipe d’ELAN Jouques a participé activement à la conception et à l’aménagement des nouveaux locaux. Après la finalisation de l’extension avec une laverie et l’évolution de l’atelier bois et du garage pour la réparation des vélos, il ne reste plus qu’à aménager très bientôt ce qui sera le nouveau magasin pour la ressourcerie.

La RE2020 succède à la RT2012, on passe d’une règlementation thermique à une règlementation environnementale plus exigeante et ambitieuse pour la filière construction.

Quel est l’objectif de la RE2020 ?

Poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et du confort des constructions, tout en diminuant leur impact carbone.

Comment l’atteindre ?

• En utilisant des matériaux et des isolants locaux et biosourcés tels le bois, la ouate de cellulose etc.
• En poursuivant l’amélioration de la performance énergétique et la baisse de consommation des bâtiments neufs en insistant sur la performance de l’isolation.
• En diminuant l’impact sur le climat des bâtiments neufs en prenant en compte l’ensemble des émissions durant le cycle de vie (construction, exploitation, fin de vie).
• En permettant aux occupants de vivre dans un lieu adapté aux conditions climatiques futures.

Pourquoi cette règlementation ?

En France, le secteur du bâtiment représente 44% de la consommation d’énergie et environ 25% des émissions de CO₂.
L’objectif fixé en 2007 étant de diminuer par 4 les émissions de GES en 2050 par rapport à celles de 1990.

Source : Ministère de la Transition Écologique

Le thème du réemploi pour le BTP est aujourd’hui notre fil conducteur.  

Un enjeu crucial pour la filière qui doit faire face à de nombreux défis et obstacles (techniques, financiers, assurantiels,.. ) pour massifier cette bonne pratique  contribuant à diminuer drastiquement l’empreinte carbone immobilière.

Belle fin d’année à toutes et tous, et rendez-vous en janvier 2023 pour le prochain fil ?

Ensemble, décarbonons nos constructions !

Kevin Polizzi, Président Fondateur de Unitel Group et Unitel Smart Building, nous reçoit à thecamp avec Valérie Décot, Présidente et Fondatrice de Raedificare.

Un échange inspirant sur leur vision des bâtiments durables de demain, et une mise en lumière d’un exemple concret tripartite : comment la réutilisation d’une charpente métallique de 1.500 m2 au sein d’une opération de renouvellement urbain à Marseille aide la ré-industrialisation décarbonée du territoire avec l’implantation à Gardanne d’une unité de production Lign.O.

140 tonnes de déchets évitées et une économie d’émissions de GES de 410 teqCO2 !

Finalistes ? …

Une belle nouvelle pour l’équipe ! nous sommes parmi les 14 porteurs de projets finalistes de MED’INNOVANT 2022. Ce concours, organisé par Euroméditerranée et plusieurs partenaires, a pour but d’identifier les solutions innovantes qui pourront être intégrées à la fabrique de la ville durable méditerranéenne de demain. Lign.O intervient sur le défi #5 parrainé par Ici Marseille: ‘Créer les conditions d’une relocalisation de l’industrie à l’échelle urbaine locale et organiser sa mise en réseau’ => RDV le 22/11 pour la finale… ?